Mais qu’est ce donc que le Gamechef ? voilà un extrait explicite du site de Jerôme Larré, un des organisateurs du concours 2014, afin de vous éclairer sur ce concours un peu particulier :
Le Game Chef est un concours annuel de création de jeux. Depuis 2002, il est à l’origine de centaines d’entre eux, qu’il s’agisse de jeux complets ou de premiers jets repoussant toujours un peu plus les limites de notre loisir. Le principe est simple : 1 thème, 4 ingrédients et 9 jours pour concevoir un jeu destiné à être joué sur table et/ou de façon analogique.
Depuis 2012, le concours s’est ouvert à d’autres langues. Cette édition se tiendra simultanément en sept langues (anglais, coréen, français, italien, portugais, russe et slovène).
Les jeux soumis sont d’abord évalués par les autres participants avant que les finalistes de chaque langue ne passent entre les mains du jury correspondant à celle-ci. Ce dernier choisit alors le vainqueur du Game Chef pour la langue en question, qui pourra alors se mesurer à ses homologues internationaux pour devenir notre « champion du monde » à nous.
Toutefois, malgré le terme de concours et ce titre un peu grandiloquent, la première récompense de la participation au Game Chef est de réussir à faire un jeu dans le temps imparti. La seconde sont les retours donnés par vos pairs. Le Game Chef est avant tout un défi personnel, pour vous mesurer à vous-même, que vous pensiez être un concepteur de jeux ou pas. Nous mettons un point d’honneur à ce que la compétition reste aussi accueillante et détendue que possible.
Voilà le principe. Il faut savoir qu’à l’origine, le Gamechef était plutôt destiné aux jeux de rôle papier, mais que rien n’empêche de proposer d’autres types de projets « analogiques » : jeux de dés, de cartes, jeux grandeur nature, etc… une excellente initiative, puisque ça permet réellement de se lâcher sur le format, le concours posant d’autres contraintes par ailleurs.
J’ai découvert le concours en 2013. Ca m’a tout de suite enthousiasmé. Je trouve le principe extrêmement stimulant, que ce soit au niveau des ingrédients thématiques imposés ou au niveau de la contrainte de temps. Évidemment, pour un jeu de plateau ou un jeu de cartes, 9 jours, c’est vraiment peu. Il n’y a tout simplement pas assez de temps pour effectuer les playtests nécessaires. D’où la réserve de principe du règlement, qui précise qu’il peut s’agir de « premiers jets ». Seulement voilà, pour moi, envoyer un premier jet, c’est pas possible. En 2013, je m’étais lancé dans un projet un peu ambitieux, un jeu de poursuite dans un labyrinthe. Forcément, j’ai voulu léché le design graphique, ce qui m’a pris un certain temps ne serait ce que pour sortir le premier proto… pour m’apercevoir, comme souvent, qu’à l’usage le système présentait bien des défauts. J’ai donc laissé tomber ma proposition, en jurant, bien entendu, qu’on ne l’y reprendrait plus.
A l’ouverture du concours en 2014, j’étais un peu plus concentré. Je savais qu’il fallait que je sorte un jeu de format léger, histoire de pouvoir faire le boulot comme il faut dans le temps imparti. Le thème du concours était sacrément ambitieux : « Ceci n’est pas un livre ». Traditionnellement, un jeu de rôle tient dans un plus ou moins gros pavé. Un livre. En imposant ce thème, les organisateurs voulaient pousser les concurrents à imaginer de nouvelles façons d’expliquer un jeu, d’introduire les joueurs dans le jeu. C’était aussi plus ou moins valable pour les jeux de plateau, qui ont tous, presque sans exception, un manuel attenant qui explique la Règle du Jeu. Un autre niveau de lecture, moins ambitieux selon moi, pouvait simplement pousser les participants à travailler sur d’autres formats qu’un livre : le matériel du jeu lui même, des cartes par exemple. Enfin, on pouvait aussi prendre le contrepied de la consigne, et la jouer à la Magritte, c’est à dire carrément baser tout son gameplay sur l’utilisation d’un livre, d’un roman. C’est un angle d’attaque assez malin que j’ai vu chez plusieurs participants, et qui ne m’a pas du tout traversé l’esprit.
Pendant les quelques jours après l’annonce du thème et des ingrédients, j’ai réfléchi, un peu, beaucoup, passionnément, j’ai écrit des trucs sur des bouts de papier, et j’ai fait « puf puf » nerveusement sur pas mal de cigarettes sur ma terrasse. Mais manifestement, l’idée de génie qui aurait inventé une nouvelle façon d’expliquer des règles aux joueurs autrement que par des règles, ne voulait pas venir. Malgré tout, dans le tas, au milieu de tout ce que j’avais jeté sur le papier, il y avait un concept qui m’enthousiasmait suffisamment pour que je veuille en faire quelque chose. Le premier impératif, c’était de rendre quelque chose, de ne pas se saborder tout seul comme l’année précédente. Et tant qu’à faire, que ce soit un jeu dont je n’ai pas à rougir. La bonne nouvelle, c’est qu’ici on avait pas à réfléchir préalablement au marché, ou aux contraintes d’éditions. Je me suis fait plaisir, j’ai fait un truc bizarre.
J’ai donc pondu Nebula. Une fois que j’avais choisi ma direction, il ne m’a pas fallu plus de 24h pour tout finaliser. En regard du concours, en toute honnêteté je crois avoir choisi la « petite porte » : jouer sur le format pour respecter le thème. Je n’ai pas rendu un livre, mais un parchemin de 10cm par 2,10m. Pour le contenu du jeu, le télécharger et/ou lire les règles, je vous renvoie à la page que je lui consacre ici.
Le concours a ensuite suivi les étapes imposées. Apparemment, le jeu a plu aux participants qui avaient à le juger, les retours ont été majoritairement positifs…. ce qui l’a amené en finale. Ici, la décision revenait aux jurés, de Michaël Croitoriu, Jérôme Larré et Eric Nieudan.
Et ils ont choisi Nebula. Ben ouais. Mon petit jeu a remporté le volet francophone du concours. Une sacrée gloire, surtout quand je vois la qualité des jeux que les participants avaient présenté, c’est sacrément flatteur. Bon, par la suite on a traduit le jeu en anglais pour aller concourir au niveau international, mais c’est un jeu coréen qui l’a emporté. Tant pis.
Bref, je vous laisse découvrir le jeu si ça vous tente. Il s’agit d’un jeu de mots (et non un jeu de lettres) un peu étrange, et difficilement éditable, puisqu’il ne nécessite qu’une feuille de papier et un crayon par joueur pour être joué. On ne met pas ça dans une boite en magasin. Le jeu est donc en téléchargement gratuit, en français et en anglais, ici. Have fun !