Protocole IOMV2236472L

Pour la troisième année consécutive, mon collectif à moi que j’aime (le Gang Rennais d’Auteurs Ludiques) a de nouveau développé un jeu exclusif pour le festival Rennes en Jeux. Cette année, après trois mois d’une espèce de game jam où chacun bossait un prototype adapté, c’est un jeu d’Antoine Tissot qui a été retenu. Le prototype était alors nommé Quintessence, et Antoine avait l’ambition d’y parler de discrimination avec seulement des formes et des couleurs, par la mécanique. Une promesse ludique élégante, qui a manifestement plu au collectif.

Il restait toutefois beaucoup de travail à faire sur le jeu, pour lequel il fallait également développer un mode coopératif. De juin à novembre, le collectif a testé le jeu quasiment toutes les semaines, et suivi un process parfois houleux, mais régulier et constructif. C’était la première fois qu’on travaillait à plusieurs sur un jeu engagé, et savoir doser le rapport au propos du jeu et sa jouabilité n’a pas toujours été une mince affaire, selon qu’on donne la priorité à l’un ou à l’autre. Malgré tout, il en a résulté un très bon jeu, plutôt original, et qui parvient à évoquer un sujet grave et politique à la manière d’une fable, à la limite entre l’abstraction symbolique et une narration resserrée sur le coeur du sujet. Sa mécanique porte en tout cas à mon sens admirablement bien le propos, et c’est suffisamment rare pour le noter.

Le jeu a reçu un excellent accueil lors de sa publication au festival. Comme on voulait dépasser les bornes, on en avait produit 100 exemplaires de plus que l’année précédente, et cette rallonge n’a pas été vendue sur le week-end. Peu importe, on aurait trouvé nos limites tôt ou tard, et vendre 700 exemplaires d’un jeu sur un festival est déjà un bel exploit. On ressent année après année le soutien de tout le milieu ludique rennais pour cette initiative, et ça, c’est très précieux : c’est ce qui nous pousse chaque année à sortir de chouettes protos pour le concours, et a développer le jeu choisi du mieux qu’on peut. La bonne nouvelle, c’est que si vous n’avez pas pu vous procurer le jeu au festival parce que vous n’étiez pas à Rennes, alors il devrait y avoir moyen de trouver ces exemplaires bonus chez les partenaires locaux.

Au passage, le nom imprononçable du jeu n’a pas été choisi au hasard : je vous laisse rechercher la référence sur le net, mais elle n’est pas anodine.